Charles Judes, février 2025

Dans la musique comme dans la comptabilité, l’harmonie repose sur des structures et des conventions qui permettent de composer un ensemble cohérent. Cependant, l’évolution des savoirs et des pratiques nous invite à repenser ces cadres.
De même que la musique a transcendé la tonalité pour explorer la métatonalité, la comptabilité pourrait dépasser ses paradigmes actuels pour embrasser une métatonalité comptable, un système élargi où la valeur ne serait plus strictement financière, mais aussi éthique, écologique et spirituelle.
1. De la Tonalité Comptable à la Métatonalité
La comptabilité traditionnelle repose sur une logique binaire : actif/passif, crédit/débit, profit/perte. Ces catégories forment une sorte de tonalité comptable, où chaque élément doit s’inscrire dans une structure rigide. Or, cette approche réduit la richesse d’un écosystème économique à des équilibres quantitatifs, oubliant les dimensions qualitatives et relationnelles.


À l’instar de la métatonalité musicale, qui dépasse les règles harmoniques établies pour intégrer une multiplicité d’agencements sonores, la métatonalité comptable proposerait une pluralité de lectures des flux et des échanges. Les critères de valeur s’étendraient pour inclure l’impact social, la régénération écologique, et les dynamiques spirituelles de la création de richesses.

2. Une Phénoménologie de l’Impact : Vers une Écoute Sensible des Flux
Dans la musique métatonale, la perception du son est transformée : on ne se limite plus à une progression harmonique prévisible, mais on entre dans une écoute plus fine des interactions entre fréquences, textures et résonances.
Appliqué à la comptabilité, ce principe supposerait une écoute active des dynamiques économiques, non plus seulement en termes d’entrées et de sorties monétaires, mais en prenant en compte des éléments plus subtils :
L’impact environnemental d’un projet : un bilan qui inclut la capacité régénérative des ressources.
La qualité des relations humaines dans l’échange : mesurer la confiance, la coopération et le bien-être.
L’héritage immatériel : la transmission des savoirs, la résilience d’un écosystème.
Dans cette approche, le rôle du comptable ne serait plus uniquement d’établir des bilans financiers, mais de composer une partition sensible de l’économie, où chaque acteur pourrait entendre et ajuster sa propre contribution à l’ensemble, les fréquences et les cycles temporels ayant un impact sur les formes.

3. L’Esthétique Comptable : Vers une Beauté du Juste Équilibre
Pour illustrer ce qui se passe dans le monde actuellement : Le coma pythagoricien désigne une infime différence de fréquence qui apparaît lorsqu’on empile douze quintes pures (accord parfait basé sur un rapport de 3/2). En théorie, elles devraient retomber exactement sur l’octave initiale, mais en réalité, elles s’en écartent légèrement. Ce décalage illustre le problème fondamental des systèmes économiques actuels : une accumulation d’écarts invisibles qui finissent par produire une dissonance majeure.

La métatonalité ne cherche pas seulement à déconstruire, elle propose aussi une nouvelle esthétique du son, où l’harmonie se redéfinit par des relations inédites.
Dans une vision métatonale de la comptabilité, l’économie devient un art, une composition collective où l’objectif n’est plus l’accumulation mais la justesse. Une entreprise ou une organisation ne serait pas jugée seulement sur sa rentabilité, mais sur sa capacité à créer une harmonie durable avec son écosystème.
On pourrait imaginer des outils d’évaluation basés sur la beauté et la cohérence des flux :
Une notation qui valorise les entreprises régénératives plutôt que prédatrices.
Des indicateurs qui intègrent l’intensité des liens humains et le sens du travail.
Une valorisation de la diversité des contributions, au-delà du salariat classique.


4. Une Transcendance Comptable : De la Partition au Rituel
Enfin, la métatonalité musicale touche parfois à des dimensions spirituelles, en résonnant avec des logiques plus vastes que celles de la simple harmonie conventionnelle.
La métatonalité comptable pourrait aussi s’inscrire dans une vision transcendante de l’économie, où les flux ne sont plus seulement des transactions, mais des expressions d’un équilibre cosmique. Repenser la comptabilité sous cet angle, c’est la reconnecter à une sagesse ancienne, où l’économie n’était pas séparée des cycles naturels et des valeurs sacrées.
Ainsi, la permacomptabilité pourrait être la première expression concrète d’une métatonalité comptable, en intégrant la complexité du vivant et en redonnant une dimension sensible à l’acte de compter.

Conclusion : Composer une Nouvelle Harmonie du Vivant
Passer d’une tonalité comptable rigide à une métatonalité comptable, c’est reconnaître que la valeur ne se limite pas à ce qui se chiffre, mais inclut des dimensions qualitatives, relationnelles et spirituelles.
Il ne s’agit pas d’abolir la comptabilité, mais de la faire évoluer vers une forme plus juste et plus belle, où la richesse ne se mesure plus uniquement en accumulation, mais en capacité à créer du lien, du sens et de l’harmonie avec le vivant.

Ainsi, la métatonalité comptable pourrait être une musique du futur, où l’économie s’accorde enfin avec les grandes lois de l’univers.
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"La musique et la comptabilité, bien que semblant opposées, partagent un même désir d’organisation et de structure. Faire de la comptabilité une musique vivante, c’est peut-être cela, le défi d’un futur où l’harmonie du monde primerait sur l’arbitraire des chiffres." Charles Judes
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