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La posture du designer en Permacomptabilité au sein du nouveau monde VICA



Il y a seulement 18 ans, le monde était bien différent. Se connecter à Internet coûtait cher. Les voitures autonomes étaient encore expérimentales, les smartphones marginaux et on ne savaient pas « téléporter » de la matière. Aujourd’hui, oui !


Nous sommes à l’aube d’une quatrième révolution industrielle, le monde change c’est indéniable. Nous avons l’impression que ce sont les technologies qui changent, en réalité c’est le monde qui se transforme.


Ce nouveau monde, c’est le monde VICA, pour Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. Un terme inventé par l’armée américaine dans les années 1990 :

  • La volatilité c’est la nature du changement, sa dynamique. Un contexte volatile provoque la peur et un retour aux fondamentaux « c’était mieux avant ».

  • L’incertitude tend à la paralysie en collectant et analysant à outrance des données, « analysons toutes nos données avant de prendre une décision ferme et définitive ».

  • La complexité se caractérise par la dépendance et l’interaction entre des facteurs multiples. Et l’idée qu’il y a forcément une cause unique, « il y a nécessairement un bouc émissaire, un point d’entrée unique ».

  • L’ambiguïté vient de la diversité d’interprétations possibles sur un sujet. Elle freine la prise de décision et le changement, « face à autant de possibilités, autant ne pas se prononcer ou se lancer ».


Le monde VICA peut paraître compliqué et hostile, mais c’est une formidable façon de l’aborder et pour nous designers en Permacomptabilité, de le concevoir.


Complexe n’est pas compliqué


On pense souvent à tort qu’une situation complexe et compliquée c’est la même chose. En réalité, une situation compliquée se résout par une analyse de celle-ci afin de déterminer les relations de cause à effets. Si un moteur tombe en panne, trouver la cause pourra prendre du temps mais l’investigation sera progressive.


Dans une situation complexe, l’établissement des phénomènes de cause à effets ne se fera que grâce à une expérimentation. Vous pouvez planter des graines et les arroser mais d’autres paramètres comme la luminosité ou une terre polluée peuvent influer sur le résultat. Les causes seront plus difficiles à déterminer et ne le seront qu’à la suite de plusieurs essais.


Dave Snowden a déterminé un canevas qui cartographie l’ensemble des situations possibles dans le monde. Les situations complexes et compliqués en font partie :


Les situations simples relèvent des solutions standards. C’est-à-dire que la solution est connue de tous. Pour éclairer une pièce chacun sait qu’actionner un interrupteur permettra d’allumer une ampoule.


Les situations chaotiques sont celles fertiles aux innovations. Dans ce cas, les relations de cause à effets sont indéterminables. L’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima en était une. L’idée fut de verser de l’eau sur le réacteur en fusion qui permit de faire baisser la température pour mener par la suite d’autres actions jusqu’à la résolution totale du problème.


La pensée rationnelle à la poubelle ?

Une situation simple appelle à une réflexion rationnelle, tenir la poignée pour ne pas tomber


Les personnes pensant de manière rationnelle sauront prendre des décisions dans des contextes simples ou compliqués car les phénomènes de cause à effets sont linéaires.


Dans des cas complexes et chaotiques, la prise de décision est difficile pour les personnes rationnelles tant les tenants et aboutissants sont multiples et interconnectés.


La pensée rationnelle n’est pas à bannir car elle répond à de nombreux cas de figure, ça sera toujours le cas, nous aurons toujours des ampoules à allumer (voir la partie précédente).


Nous l’avons vu plus haut, le monde est VICA. C’est-à-dire que les situations auxquelles nous sommes confrontés tiennent davantage du complexe et du chaotique.


Alors comment faire pour comprendre ce monde et pour savoir compter ?



Comment faire du design en Permacomptabilité dans ce nouveau monde ?


Expert VS systémiciens

Les outils d’un expert dans son domaine


Les experts sont des personnes qui connaissent parfaitement un sujet ou un domaine. Un cordonnier va connaître des méthodologies et pratiques dans son métier. Il sera capable de résoudre un problème par une démarche analytique.


Un systémicien s’intéresse à l’interdépendance des éléments d’un système, favorise la description des phénomènes plutôt que leur interprétation, ouvre le champ de vision face aux problèmes, ne présume pas la linéarité.


Ces deux profils sont complémentaires et nécessaires, même si le monde VICA aura davantage besoin du second. Des métiers fondamentalement systémiques, comme les designers en Permacomptabilité, émergent justement dans l’objectif de répondre à ces nouvelles problématiques.



Une voiture file droit devant vous : vous devez faire face à une situation complexe et incertaine


Vous n’êtes sans doute pas passé à côté de ce terme qu’on entend dans les entreprises. Né du monde informatique, ce terme a été étendu à de nombreux domaines, y compris aux plus hauts sommets de l’État. David S. Alberts, un ancien haut fonctionnaire à la Défense américaine a défini l’agilité comme suit :


« L’agilité n’est pas une manière de réduire la difficulté d’un problème, mais plutôt une manière de gérer les effets combinés de la complexité et de l’incertitude.»

L’agilité, c’est la capacité dans un contexte de changements produisant une rupture d’équilibre de faire face à cette situation de manière efficace et efficiente.



Designer en Permacomptabilité et stratégie contextuelle


Dans un monde complexe, où les variables et les interconnexions sont nombreuses, on pourrait penser que le Big Data serait la solution toute trouvée. Un algorithme pour répondre à tout problème, génial non ? En réalité, ces outils ne sont pas (encore ?) assez puissants pour cela, et peut-être est-ce mieux ainsi !


Un outil tel que DEMS, proposé par GLOBAL DATA EXCELLENCE, semble judicieux vers des stratégies permacomptables, avec l'évocation de la notion d'intelligence contextuelle. Cet outil d'intelligence contextuelle ne s'arrête pas à l'intelligence artificielle dans sa façon de modéliser en multidimensionnel, et c'est là tout l'intérêt. Etant corrélé à une sémantique humaine et linguistique, ainsi qu'à des données réelles (exemple : énergie, matière, information qualitative et quantitative), il peut s'agir d'un outil systémique intéressant pour une application holistique. Même si la version écosystémique sera toujours imparfaite du fait de l'immense complexité dynamique de notre univers, l'outil peut cependant permettre d'affiner le dessin en temps réel des nouvelles stratégies de viabilisation écosystémique, et permettre de rendre visible les engagements et les externalités positives et négatives de tout un chacun.

"Ce déploiement technologique ne peut se faire sans le socle de notre humanité et de notre bien-être communautaire. La technologie en tant que moyen, doit avoir pour mission d'éclairer l'intuition des leaders (stratégiquement parlant) ; elle ne doit pas prendre le relai sur la réalité sans mesure préalable du contexte réel (qualité des écosystèmes et des sociosystèmes). La finalité de tels outils doit être de maximiser les choix et de minimiser les consensus, permettant alors à nos organisations d'aller vers la création automatisée de performances et de valeurs de confiance multipartite (envers les humains et les non-humains)." Charles Judes


Nous aurions pu nous passer de telles technologies, si notre espèce dans son ensemble avait su perpétuer une vision holistique du monde. Fait est que notre histoire nous a emmené vers des stratégies opportunistes et dégradatives, car non contextualisées qualitativement.

Nos systèmes créés par la technologie devront s'aligner par la technologie vers des données écosystémiques et sociosystémiques en temps réel, tout en visant une meilleure agilité des organisations humaines et non-humaines vis-à-vis des enjeux prospectifs globaux.


Dans le futur passé, la machine doit donc intervenir en simple support de l'homme (et non l'inverse), pour faciliter la mesure de la confiance, puis la mesure de notre impact et de nos engagements vis-à-vis des multiples écosystèmes. Elle doit aussi faciliter les flux de la coopération (voir solution 4 de la Permacomptabilité), en réallouant des moyens et du temps aux capitaux les plus sollicités, vers la régénération fondamentale de 8 capitaux.


In fine, malgré les meilleurs outils du monde, la meilleure compétence dans la mallette du designer en Permacomptabilité reste et restera toujours son intuition. C’est-à-dire sa capacité à percevoir un système complexe et à en imaginer les mutations possibles dans l'espace et le temps. Une autre compétence essentielle est son aptitude à dissocier les facteurs essentiels des facteurs négligeables.

Cette capacité est essentielle dans le cas d’une situation ou d’un projet où vous ne disposeriez pas de toutes les analyses, des experts, des données qui vous permettraient de cartographier son ensemble.


Vous pouvez développer votre intuition de nombreuses manières. Une méthode simple est de faire appel à l’intelligence collective.


L’intelligence collective, plusieurs cerveaux valent mieux qu’un seul

Si vous prenez l’ensemble des connaissances de quatre personnes dans une même pièce, vous les ajoutez à votre savoir. Passant ainsi d’une valeur de 1 à une valeur 5. Ce qui est déjà très bien.


Si vous faites interagir ces personnes entre elles alors vous décuplez ces connaissances. Chacune viendra se confronter aux autres et surtout aux expériences émotionnelles de tous. Vous permettez ainsi de créer un tissu de réflexion, une véritable machine de guerre pour la résolution des problématiques complexes.


Pour mener à bien ce genre d’interaction, que l’on appelle souvent brainstorming ou atelier de cocréation, vous devez vous prémunir de certains biais. Aucun participant ne doit présupposer détenir davantage de savoir que les autres. La hiérarchie habituellement établie doit être suspendue. Aucune idée n’est une erreur, rebondissez dessus et donnez du feedback.


Finalement, le moteur du designer en Permacomptabilité dans ce nouveau monde, c’est sans doute sa curiosité. Car c’est cela qui lui permettra d’élargir son angle de vision.

La curiosité nous rappelle que l’ignorance est un terreau inépuisable.



Sources :

Military Power Revue – Der Schweizer Armee | Variances

https://newflux.fr/2017/11/21/bienvenue-nouveau-monde-monde-vica/



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